La chaufferie biomasse de Surville sort de terre

Avec ses 3 chaudières de 17 MW chacune, l’installation de production de chaleur de Surville sera la plus grande chaufferie biomasse publique de France. Alimentant le réseau de chaleur de Lyon Centre Métropole à partir d’énergie renouvelable, elle permettra de réduire de 44 000 tonnes/an  les émissions de CO2, soit l’équivalent de 20 000 véhicules retirés de la circulation. Visite guidée d’un chantier captivant au cœur de Gerland.  

Le chantier de Surville représente 43 millions d'euros d'investissement. Sur une surface de 3 terrains de foot, les différents éléments de l'usine sortent de terre. Sur cette photo : le silo de stockage du bois destiné à alimenter les chaudières (crédit photo Luce Ponsar, Métropole de Lyon)
Le chantier de Surville représente 43 millions d’euros d’investissement. Sur une surface équivalente à 3 terrains de foot, les différents éléments de l’usine sortent de terre. On voit ici le silo de stockage du bois destiné à alimenter les chaudières (crédit photo Luce Ponsar, Métropole de Lyon, juillet 2018)

De quel bois nous chaufferons-nous ?

Quand on parle biomasse, on parle essentiellement de bois. Le « bois énergie » provient de plaquettes forrestières (bois déchiqueté), de chutes de scierie, de petit bois et d’écorces issus de l’exploitation forestière : tout ce qui n’a pas la qualité suffisante pour être valorisé en bois d’œuvre. Le bois est issu de la région, dans un rayon de 90 km maximum pour limiter le transport.

Acheminé par camion, il sera dépoté en entrée de chaufferie sur 2 unités puis convoyé vers une unité de criblage/déferaillage afin d’obtenir un combustible homogène.

A gauche : les deux bennes permettent aux camions de dépoter le bois. A droite : un tapis roulant achemine le bois vers un cribleur / déférrailleur, qui permet d'enlever les morceaux de bois trop gros et le métal risquant de se bloquer.
A gauche : les deux bennes permettent aux camions de dépoter le bois. A droite : un tapis roulant achemine le bois vers un cribleur / dé-ferrailleur, qui permet d’enlever les morceaux de bois trop gros et le métal risquant de se bloquer.

Le bois est ensuite stocké dans un silo de 6000 m3, correspondant à 4 jours de production de chaleur. En tout, ce sont 85 000 tonnes de bois par an qui viendront alimenter la chaufferie, correspondant à 35 camions par jour au maximum en période de grand froid.

Vue de l'intérieur du silo dont les ouvriers achèvent la pose des parois : d'une capacité de 6000 m3, il permet d'assurer l'autonomie de la chaufferie pour 4 jours pendant les périodes les plus froides.
Vue de l’intérieur du silo dont les ouvriers achèvent la pose des parois : d’une capacité de 6000 m3, il permet d’assurer l’autonomie de la chaufferie pour 4 jours pendant les périodes les plus froides.

Pour autant, une telle installation ne peut pas compter uniquement sur le bois pour produire de la chaleur de manière optimale. Ainsi 4 chaudières gaz de 19 MW chacune complètent l’installation. Leur rôle est avant tout d’écrêter la demande en chaleur, notamment en cas de pic de froid, ou en intersaison pour compléter l’énergie issue de l’usine d’incinération des ordures ménagères de Gerland. Le gaz vient aussi en secours du bois en cas de panne des chaudières bois. Enfin, pour pallier un éventuel dysfonctionnent sur la filière gaz, 3 cuves de 350 m3 chacune vont être enterrées sur le site pour stocker du fioul, énergie hautement carbonée mais qui sera utilisée uniquement en ultime secours.

Un lit de sable pour porter la biomasse

Ça peut paraître simple de brûler du bois pour faire chauffer l’eau de nos réseaux. Mais produire de grandes quantités de chaleur sans trop de pertes de rendement nécessite une technologie de pointe. Ainsi, après que la biomasse soit littéralement « avalée » depuis le silo par une vis sans fin mobile, elle est envoyée dans les chaudières qui utilisent la technologie du lit fluidisé bouillonnant. Pour faire simple : du sable est soufflé à la base des chaudières par un système de buses (voir photo), créant ainsi un lit de sable en lévitation, chauffé à 800°C, sur lequel vient se poser la biomasse. Tout l’art de cette technique repose sur l’équilibre à trouver pour que la biomasse ne dépasse pas un certain poids, d’où le nécessaire criblage préalable.

Vue du dessous d'une des 3 chaudières : les tuyaux que l'on apperçoit soufflent de l'air pour maintenir le "lit de sable" en suspension. C'est sur ce lit de sable brûlant que l'on dépose ensuite le bois qui s'enflamme instantanément.
Vue de l’intérieur de la chaudière (par en dessous) : les tuyaux que l’on aperçoit souffleront de l’air pour maintenir le « lit de sable » en suspension. C’est sur ce lit de sable (brûlant !) que le bois viendra se déposer et s’enflammer instantanément.

Pour récupérer la chaleur issue de la combustion , on utilise de l’eau qui chemine par de multiples tuyaux à l’intérieur des chaudières, tel de véritables orgues de cathédrale. En plus de la chaleur directe produite par la biomasse, on récupère aussi la chaleur indirecte des fumées : la moindre calorie compte !  

Vue de l'extérieur : la chaudière biomasse est installée verticalement, les petits tuyaux intégrés dans les parois contiennent de l'eau qui circule et se réchauffe au contact du foyer.
Vue de l’extérieur d’une des 3 chaudières. Les petits tuyaux intégrés dans les parois contiennent de l’eau qui circule et se réchauffe au contact du foyer.

L’eau chaude produite est ensuite dirigée vers les canalisations du réseau de chaleur de Centre Métropole. Elle fournira 20 % de la chaleur distribuée sur le réseau Centre Métropole qui alimente aujourd’hui 33 000 équivalents logements, 100 000 en 2030. Les cendres et les 400 tonnes de sables nécessaires chaque année pour porter la biomasse sont ensuite recyclés en forêt, par conventionnement avec des sylviculteurs de la région, comme fertilisants des sols. Quant aux fumées, elles sont filtrées pour répondre aux normes de qualité de l’air et ainsi réduire les émissions de particules fines et les micro-polluants.

Ainsi s’achève la visite de ce chantier, dernière occasion avant le calfeutrage des installations pour la mise en service des chaudières. Il est 19h, l’heure de filer pour assister à la demi-finale de la coupe du monde…

À retenir : la chaufferie de Surville, qui sera opérationnelle en mars 2019, est un équipement prévu au contrat de délégation de service publique du réseau de chaleur Centre Métropole, confié à Dalkia – ELM par la Métropole de Lyon. Cette délégation, d’une durée de 25 ans à compter de 2017, prévoit un taux d’énergies renouvelables et de récupération de 65 %.

 

6 commentaires sur “La chaufferie biomasse de Surville sort de terre

    1. Dans la chaufferie Lafayette, située dans le quartier de la Part Dieu, les chaudières vont être désinstallées progressivement entre 2020 et 2027. A partir de 2028 le site ne sera plus utilisé pour produire de la chaleur, mais uniquement du froid. De nouveaux groupes froids vont être installés progressivement entre 2020 et 2026 pour desservir le quartier de la Part Dieu en climatisation. Grâce à la technologie de l’absorption, une partie de ce froid sera à produit à partir de l’énergie fatale issue de l’incinérateur de Gerland.

  1. Bonjour,
    Quelles seront les émissions de CO2, de CO, de PM10, PM2.5, NOx, HaP,BaP, dioxines en kg/an?

    Quelles quantités de cendres à évacuer et comment seront elles éliminées?
    Merci

    1. Les émissions annuelles prévues pour la chaufferie sont d’environ 33 000 tonnes / an. Les concentrations maximales par polluant au niveau de la cheminée seront les suivantes :
      CO : 150 mg/Nm3 ; Poussières : 10 mg/Nm3 ; NOx : 200 mg/Nm3 ; HAP : 0,01 mg/Nm3 ; Dioxines/furanes : 1,00E-07 mg/Nm3.
      En ce qui concerne les cendres, la chaufferie en produit deux types :
      1. Les cendres sous foyer, qui tombent au fond de la chaudière (1600 tonnes / an) : elles sont envoyées en compostage ou épandage.
      2. Les cendres volantes récupérées par le traitement des fumées (800 tonnes /an) : elles sont envoyées en centre d’enfouissement de classe 1.

  2. D’où provient le sable nécessaire à tout ça?
    400 tonnes par an, ce n’est pas rien.
    Par ailleurs 400 tonnes/ an correspond à quelle production de chauffage?
    quels seront les besoins en sable et en bois pour les années futures si vous augmentez la production (2030)?

  3. Bonjour
    Peut on visiter cette chaufferie ? Par exemple aux journées du patrimoine ?
    Cordialement

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